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Femmes congolaises actrices socio-économiques et politiques

mercredi 2 octobre 2013, par Albertine

La femme congolaise est active dans les domaines politique, économique, culturel et social. Son rôle est incontournable dans la reconstruction du pays.

Congolaises entrepreneuses

Nous avons aujourd’hui des femmes qui sont très dynamiques dans le secteur des petites et moyennes entreprises mais aussi très engagées au niveau politique, économique et social. Elles sont minoritaires , certes, mais elles jouent un rôle qui mérite qu’on s’y arrête.

Au niveau politique et social, nous avons un nombre considérable de femmes engagées. Ce qui est frappant toutefois, c’est que plus on se rapproche des niveaux de décision ou de responsabilité dans ces deux domaines, moins elles sont présentes. Pourquoi ?

Est-ce dû à une limite de compétence ? A un manque d’ambition ? Ou serait-ce plutôt le résultat d’un certain jeu d’équilibre à géométrie variable qui, en définitive, les évince du niveau décisionnel ?

Quelques données assez parlantes

En 2005 [1] au niveau du gouvernement central, nous avons 36 Ministres, dont 5 femmes. Au Sénat, sur 120 sénateurs, il n’y a que 3 femmes. A l’Assemblée Nationale, sur 500 parlementaires, il y a 59 femmes.

Au niveau régional, sur 11 gouverneurs, il n’y a aucune femme, par contre il y aurait 3 femmes vice-gouverneurs.

En dehors de la sphère politique, je me suis intéressée à la représentation des femmes dans d’autres secteurs où il était possible d’obtenir quelques données chiffrés. C’est le cas de la MIBA, de la Banque Centrale du Congo, de l’Université de Kinshasa et de l’Université de Mbuji-Mayi.-----

Femmes au poste de décision

A la MIBA, société minière de Bakwanga anciennement implantée dans le Kasaï, actuellement, aucune femme ne siège au Conseil d’administration, et il n’y en a pas non plus, ni au niveau des Directeurs ni au niveau des Départements. On les retrouve aux échelons inférieurs, où quelques- unes sont responsables de services.

A la Banque Centrale du Congo , sur 17 responsables de direction il n’y a aucune femme ; sur 27 responsables adjoints de direction, il y a 6 femmes ; sur 135 responsables de service, il y a 21 femmes. La répartition des effectifs par niveau de scolarité est assez parlante. Je ne citerai ici que le niveau supérieur : sur 324 titulaires de diplôme de licence, il y a 65 femmes et 259 hommes et au niveau du graduat, sur un total de 259, il y a 79 femmes et 180 hommes.

Je me suis également intéressée à la représentation des femmes au niveau académique malheureusement, je n’ai pu recevoir que des données d’une seule université.

Concernant l’Université de Mbuji-Mayi, il y a une femme dans le collège des fondateurs et une femme au Conseil d’administration. Dans le corps enseignant, sachant qu’il y a 50 % de professeurs visiteurs et 50 % de professeurs permanents, on compte à peine une femme professeur et deux autres chargées de cours pour l’année 2004-2005. Quant à la proportion filles / garçons au sein de l’Université, le rapport est de 1/7 (une fille sur 7 garçons soit environ 14 % de filles). Celles-ci se retrouvent principalement dans les facultés de médecine, de sciences économiques et de droit.-----

Au niveau économique

Au niveau économique, il y a des femmes qui sont très actives dans les petites et moyennes entreprises : elles tiennent des comptoirs de diamant, elles font le commerce au niveau national et international, elles sont cambistes, etc….. Ces femmes sont peu nombreuses mais elles ont un pouvoir économique non négligeable, ce qui est important et primordial mais à la fois interpellant face à la situation actuelle.

Comment se fait-il que ces femmes qui détiennent un pouvoir économique indéniable n’arrivent pas à infléchir les politiques menées dans leur environnement dans le sens du développement et du bien-être des populations ? Est-ce par désintérêt politique, par peur ou par inconscience ?

Louise Ngandu Lukusa

Politologue

Cofondatrice/Présidente Honoraire de l’Union des Femmes Africaines.


[1En 2011, le nombre des femmes dans le gouvernement n’a pas progressé au contraire on note une regression, il y a trois femmes ministres, ce qui est un viol de la Constittution de la République qui consacre la parité.