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Vivre-ensemble dans un environnement multiculturel. Colloque international 17-19 mars 2015. Appel à communication UCAO/Unité Universitaire d’Abidjan

lundi 8 septembre 2014, par Albertine

Pour le 15 ème anniversaire de l’érection de l’Université Catholique d’Afrique de l’Ouest, en particulier de l’Unité Universitaire d’Abidjan les facultés de philosophie et de théologie organisent conjointement un colloque international du 17 au 19 mars 2015 et lance un appel à communication suivant

Vivre-ensemble dans un environnement multiculturel

Il est des réalités dont l’actualité rime avec la complexité ; il en va ainsi, nous semble-t-il, de la réalité du vivre-ensemble dans nos diverses aires culturelles où l’articulation entre identité et altérité est encore beaucoup plus un rêve qu’une réalité. A ce titre, l’introduction, dans la réflexion et dans les comportements, du concept d’interculturalité - même si tous ses contours restent encore à définir - émerge comme le printemps d’un monde nouveau à faire advenir. En s’opposant, d’une part, à la monoculture, et d’autre part, au multiculturalisme éthéré, l’interculturalité se veut foncièrement programme de vie et d’action en vue d’un nouvel ordre social. La différence, au regard de cet ordre, loin de constituer un obstacle, garantit, à chaque particularité, son espace d’expression et d’épanouissement.

La récurrence actuelle de ce concept dans les médias comme dans les divers centres de réflexion cache tout autant ses ambiguïtés qu’elle ne dévoile son urgence pour un vrai projet de société. En effet, plus qu’une belle idée, ce concept porte en lui la dynamique de ce qui peut unir nos sociétés déliées, désunies, sujettes à la suspicion permanente de l’autre en qui se cristalliseraient tous nos maux. Le monde censé être un "village planétaire" est en réalité ce village dans lequel le plus riche impose sa loi, sa culture, son idéologie et où le vivre-ensemble perd ses allures de réciprocité pour signifier l’obligation pour l’un de vivre comme l’autre.

Face à la montée des nationalismes et des extrémismes religieux, politiques, culturels, etc., le concept du vivre-ensemble peut-il encore retrouver son sens essentiel ? Ce sens n’est-il pas, en définitive, celui d’unir efficacement la vie et les hommes et de redonner sa dignité à ce qui, désormais est devenu obsolète : l’humain ?

Aussi, poser la question du vivre-ensemble et, par conséquent, de l’intersubjectivité, consistera-t-il à mettre en concept un monde partagé comme référence commune. Il est vrai que ce monde partagé est continuellement éprouvé par le risque d’un rapport conflictuel rendu possible par le face à face de deux consciences voulant chacune accéder à la reconnaissance de soi. C’est, nous semble-t-il, par une réappropriation effective de l’espace dialogique et de communion que nous espérons surmonter ce risque.

Grâce à une réflexion transversale entre philosophie et théologie, nous souhaitons faire nôtres les préoccupations majeures inhérentes au concept d’interculturalité. Une telle entreprise vise à porter au langage la soif légitime d’unité dans la diversité que charrient les pseudo-défenseurs de l’homme sous le visage hideux de la violence et des répressions de toutes sortes. Dans ce sens, revisiter notre histoire commune grâce à un exercice d’anamnèse et de téléologie peut permettre à nos universités de retrouver leur vocation première et de contribuer à relever le défi du vivre-ensemble si délicat mais si précieux.-----

Axe 1 : Mémoire : Questions des fondements

Parmi les multiples causes du mal-être africain, il convient de souligner l’enfermement dans le passé, ce passé de qui on attend toute sorte de recettes aux questionnements du présent. Et pourtant, la référence au passé, bien gérée, peut constituer un atout indispensable dans la gestion du présent. Ainsi, lorsque le passé devient la source du mémorial, il est susceptible d’offrir des antidotes aux incohérences du présent.
Il s’agira donc ici de revisiter les concepts historiques d’une intégration africaine : la fraternité, la famille, l’hospitalité … Ce sera également le lieu de prendre au sérieux la vérité historique des mouvements migratoires sous-régionaux. La conscience de notre commune origine ne peut-elle pas favoriser l’effort de chacun et de tous pour l’édification d’un vivre-ensemble fondé sur le socle de l’unité ?-----

Axe 2 : Identité et Altérité : Reconnaissance identitaire et dialogue des cultures

Partons ici d’une interrogation : que signifie et qu’implique qu’autrui soit pour moi le même et l’autre ? Poser la dimension de l’autre avec qui je vis, de fait, ne signifie-t-il pas s’interroger sur la double structure du même et de l’autre, du sujet et de l’objet, une structure qui, on l’aura remarqué, est essentiellement réversible ? Comment, par ailleurs, concilier les aspirations individuelles, identitaires, culturelles avec la cohésion de la communauté ?
Il s’agira, en outre, de montrer qu’au-delà d’une unité culturelle africaine certaine (similitudes socioculturelles et religieuses traditionnelles ; similitudes linguistiques), il existe des différences réelles dont il faut tenir compte dans le vivre-ensemble. D’où la nécessité de construire une nouvelle fraternité qui tienne compte des atouts et des ambiguïtés de la distinction de « nous » et de « eux » ?-----

Axe 3 : Symbolique : Le vivre-ensemble à la lumière de la symbolique trinitaire

Vu sous l’angle réflexif la symbolique trinitaire peut être saisie comme le miroir de l’unité dans la différence. En nous inspirant de la périchorèse intra-divine, il peut être éclairant de comprendre que l’existence n’est pas simplement rencontre de l’autre dans sa présence visible mais, spécialement, rencontre avec Dieu qui fait irruption dans l’existence humaine. C’est dans cette rencontre de Dieu avec la créature qu’est offerte à l’homme la capacité d’une ouverture illimitée à tout homme qui vient vers lui sous la forme de l’autre. Ainsi, la rencontre avec Dieu dans l’existence est la manifestation explicite de cette possibilité ontologique et originelle de la rencontre entre le fini et l’infini qui n’advient absolument que dans la personne du Christ
En ce sens, l’incarnation émerge comme le paradigme, sans pareille, de tout projet de vivre-ensemble. Evénement central de l’interculturalité, le Christ n’en est pas simplement un paradigme mais essentiellement l’homme en qui tout individu accède au sens ultime de son mystère et de son existence. Ainsi, l’option préférentielle pour l’interculturalité, tout en assumant le projet de l’inculturation, devient, en définitive, l’une des meilleures voies du combat pour la vérité qui ne se vit réellement que dans une perpétuelle remise en cause de soi et une acceptation des autres dans leurs différences.-----

Axe 4 : Gnoséologie : Université et Uni-diversité

Parmi les multiples définitions de l’université, nous voudrions ici privilégier celle d’un univers de savoir qui vise la convergence et l’unité du savoir puis la connaissance dans la diversité. Ayant donc pour but de dispenser un savoir profitable à l’ensemble de la société, on peut parler d’une fonction sociale de l’université car c’est aux besoins de la société que devront répondre essentiellement les chercheurs et les étudiants. Lieu de savoir mais aussi de rencontres, la vie à l’université peut être pensée comme l’apprentissage à la vie dans la société. Cette société, cosmopolite aujourd’hui, ne peut donc avoir que des universités qui répondent à ce qu’elle est, une société multiculturelle. Si l’université est lieu d’apprentissage à la vie dans la société, elle reste donc ce lieu d’apprentissage du vivre-ensemble qui élève aux valeurs d’acceptation, de tolérance, de dignité qui sont en nous les signes de l’Universalis.
Il s’agira ici, non seulement, de discerner les chances qu’offrent nos universités contemporaines et spécialement sous-régionales mais également de s’interroger sur ces multiples formes de violences qui compromettent les idéaux et la vocation d’une université.-----

Axe 5 : Praxéologie : Reconstruction de l’imaginaire face à l’intégration sous-régionale

La question de l’interculturel interroge la dimension de l’intégration dans son rapport avec le religieux, le social, le politique, etc. Derrière cette idée de tolérance et d’acceptation de la diversité, se tisse la toile du métissage comme brassage, comme mélange, comme synthèse du multiple en l’Un. Cette synthèse des cultures ne peut avoir lieu que lorsque les cultures qui se tiennent debout, les unes en face des autres acceptent de se voir, de se regarder, de se toucher, de s’entendre et de se parler. Cette posture du vivre-ensemble suppose au préalable de reconnaître l’autre et d’être reconnu par l’autre, premier moment qui seul rend possible l’écoute, le parler, le discuter, le dialoguer, pour une construction dynamique de la société dans le faire-ensemble.
Il s’agira, cette fois, de mettre à l’épreuve les outils conceptuels pour interroger et penser le vivre-ensemble au sein des organismes et institutions sous-régionaux (la CEDEAO, l’UEMOA, la RECOWA-CERAO, l’UCAO, etc.).-----

Modalités pratiques

Réception des propositions de communication (4000 caractères, espace non compris, plan et bibliographie non compris + nom et adresses électronique et postale) à l’adresse suivante colloqueinterveem@gmail.com

Date limite de propositions : 30 septembre 2014

Notification d’acceptation : 30 novembre 2014

Remise des textes complets (30 000 signes espaces compris) : 1er février

Modalités de sélection

Évaluation des propositions en double aveugle
Les textes complets seront également soumis à évaluation

Publication

L’ensemble des articles acceptés par le comité de sélection seront publiés dans les actes du colloque, si évaluation positive du texte définitif.

Contact comité d’organisation

Coordonnateur Dr Gaston Ogui

Mise en forme éditrice CEAF&RI