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Cinquante ans des indépendances africaines : L’héritage des Conférences Nationales (quatrième partie)

mercredi 21 juillet 2010, par Albertine

Les Conférences Nationales ont porté à leur tête des personnalités religieuses, militaires ou civiles censées promouvoir des valeurs éthiques.

Un nouvel ordre éthique

Les Conférences Nationales ont porté à leur tête des personnalités religieuses, militaires ou civiles censées promouvoir des valeurs éthiques.

Cinq des huit Conférences Nationales ont été dirigées par des évêques. Pourquoi ce choix ? C’est le signe que l’on attendait du « radicalement neuf ». Vu la situation de blocage et d’incertitude, l’avènement de ce « radicalement » autre demandait l’intervention d’une force supra-humaine, celle de Dieu. Les évêques se devaient d’être les témoins, les artisans de cette nouveauté radicale que Dieu seul était capable de faire advenir.

Certes, la religion peut être utilisée comme élément de stabilité et de répression. Mais, elle est essentiellement subversive. La remise en cause de la colonisation et des grandes Eglises venait en grande partie de mouvements inspirés de la Bible. Que l’on pense au kimbanguisme dans les deux Congo. Pendant les Conférences Nationales, le religieux n’a-t-il pas retrouvé sa fonction subversive, en même temps que sa mission d’unification ?

Un message pour aujourd’hui

Ainsi donc, les évêques devaient porter sur les fonts baptismaux la renaissance du continent. Dans les pays où les Conférences Nationales n’ont pas été dirigées par des ecclésiastiques, on a choisi des personnalités dont la probité morale était appréciée de tous. Les Conférences Nationales se voulaient essentiellement une entreprise de renaissance morale.
Il est vrai que les problèmes des pays africains sont essentiellement socio-politiques et économiques. Mais les fondements en sont éthiques. La déconstruction de l’ordre ancien est une remise en cause des valeurs sur lesquelles reposait ce système. Les personnalités choisies pour diriger les Conférences symbolisent et garantissent l’ordre éthique nouveau qui doit servir de socle pour reconstruire un monde symbolique, culturel et socio-politique autre.
Malgré les résultats mitigés des Conférences Nationales, n’est-ce pas là le principal héritage qu’elles nous lèguent ?

Paulin POUCOUTA