Renaissance africaine et l’audace de penser

L’aventure ambigüe

Le sénégalais Cheikh Hamidou Kane, dans ce roman, pose de manière pertinente le problème des rapports entre tradition et modernité. Son intuition demeure actuelle. On n’est pas encore sorti du tiraillement entre la tradition et la modernité. Après hésitation, la grande Royale se décide d’envoyer Samba Daillo à l’école des Blancs « pour qu’il aille apprendre l’art de vaincre sans avoir raison » .
Samba Diallo devra maîtriser les moyens conceptuels et techniques qui permettent à l’Afrique de se renouveler. Il devra ravir le feu civilisateur aux dieux occidentaux à la manière de Prométhée, pour accéder à l’ère de l’Occident.

Au cœur de la forêt vierge

Pour l’auteur congolais J. P. Makouta-Mboukou, c’est au cœur de la forêt vierge que se trouve la solution aux tensions que connaît la société africaine . C’est là qu’acteurs et victimes des violences peuvent se réconcilier. Le roman se termine par une cérémonie traditionnelle d’enterrement des cercueils de la haine, le jour de la naissance de la nouvelle république.

La frorêt : lieu initiatique

La forêt est le lieu initiatique de purification, de résistance. Après l’initiation en forêt, on en ressort comme des êtres neufs, majeurs, complètement transformés, prêts à assumer des responsabilités dans la société. La forêt est le lieu de la régénération des individus et de la société.
Pour l’auteur, c’est au cœur de l’Afrique qu’il faut rechercher le renouvellement du continent. C’est là que les Africains réconciliés avec leur continent, avec ses valeurs les plus profondes, peuvent se régénérer. La renaissance de l’Afrique passerait ainsi par un pèlerinage initiatique au cœur du continent.

Références :

Cheikh Hamidou Kane, L’aventure ambigüe, Paris, Julliard, 1961

Jean Pierre Makouta-Mboukou, Les exilés de la forêt vierge, Paris, Oswald, 1974

Paulin POUCOUTA