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L’autonomisation des femmes rurales au Mali, défis

mardi 8 mars 2016, par Albertine

L’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et les défis actuels, tel est le thème de la JIF 2012. Mme Fatoumata Ba présente les défis des femmes rurales maliennes

Politique de décentralisation et accès des femmes rurales à la décision

Traditionellement, les femmes ont peu de pouvoir de décision. Mais une évolution se dessine favorisée par la décentralisation rurale et la gouvernance locale au Mali.

Les femmes participent très peu aux débats lors des assemblées villageoises. Leur participation se fait toujours par consultation ou par personne interposée. Ces réalités socio-culturelles pèsent lourdement sur la participation de la femme au processus de développement et lui confèrent un statut social inférieur à celui de l’homme. Dans ce contexte très peu favorable à l’épanouissement de la femme, la condition féminine au Mali, et en milieu rural, devient une préoccupation majeure pour la communauté de développement.

Les femmes au Mali et plus particulierement les femmes rurales avaient un contrôle limité sur la prise de decisions publiques. Les règles d’exploitation des ressources sont traditionnellement établies par les hommes et ne favorisent pas la participation des femmes aux prises de décision au niveau communautaire et même au sein d’une exploitation donnée.

Cependant, aujourd’hui, le processus de la décentralisation a changé et renforcé les décisions, la gouvernance démocratique implique que les femmes en tant que actrices du développement aient un droit de parole.
L’affirmation de la citoyenneté au niveau local nécessite une répresentation des droits. La mutation du cadre institutionnel au Mali est une occasion de faire place aux femmes.

Cette politique sur la décentralisation rurale et la gouvernance locale au Mali est une approche qui contribuera à combler les attentes des femmes et plus particulièrement les femmes rurales avec lesquelles je travaille en étroite collaboration, de contribuer au renforcement de leurs capacités, à promouvoir l’acces à la communication qui est un outil de développement afin quelles puissent participer dans la prise de décision de la gestion de leur commune.

Défis d’accès à la terre

Au Mali, la femme ne peut hériter d’aucune ressource durable ou permanente comme la terre. Cependant, des changements sont intervenus durant ces dernières décennies.

Les règles d’exploitation des ressources sont traditionnellement établies par les hommes et ne favorisent pas la participation des femmes aux prises de décision au niveau communautaire et même au sein d’une exploitation donnée. Ces règles considèrent souvent les femmes comme instables dans le ménage. Elles ne peuvent donc pas hériter de la terre, qui est une ressource permanente. Comme le dit un vieillard de Néné : « On ne peut pas mettre sa fortune sur un cheval sans rêne ». Aussi, les terres aménagées sont systématiquement attribuées aux hommes. En outre, la répartition traditionnelle des activités oriente les femmes vers des tâches domestiques.

Néanmoins, dans certains groupes ethniques (comme les Bambara) les femmes ont constitué depuis longtemps une force de travail majeure dans l’exploitation agricole familiale. Elles ont même accès aux rizières des bas-fonds, difficiles à exploiter et désertés par les hommes.

De plus, des changements sont intervenus durant ces dernières décennies. Ainsi, malgré les règles et les représentations concernant la place de la femme dans la société, les grandes sécheresses ont amené une évolution dans le rapport des femmes à la terre.

Ces changements ont conduit les femmes à poursuivre des stratégies foncières. Elles s’investissent principalement dans les cultures maraîchères et rizicoles en groupement ou individuellement. Leur production couvre une partie plus ou moins importante de la période de soudure.

Malheureusement, l’appui technique et la formation fournis par la plupart des projets profitent essentiellement aux hommes. De plus, les femmes bénéficient peu des crédits ruraux et des équipements individuels. Fort heureusement, des initiatives collectives permettent de contourner ces difficultés.

Fatoumata BA (Mali)