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Investir l’espace politique : Triple défi pour les femmes de la RD Congo

samedi 28 juillet 2018, par Albertine

A l’approche des élections en République démocratique du Congo, CEAF&RI rappelle la lutte menée par les femmes congolaises pour investir l’espace politique. Ce combat mérite d’être salué. Cependant en examinant la situation, il est impératif que les femmes travaillent sur trois axes pour leur avenir politique. Voici la suite d’une réflexion sur les "Elections en RDC : un challlenge pour les femmes".

Triple défi pour les femmes

- Lutter pour investir l’espace politique
- sauvegarder les acquis et
- lutter pour progresser

La lutte menée par les femmes congolaises pour investir l’espace politique mérite d’être saluée. Cependant en examinant la situation, il est impératif que les femmes travaillent sur trois axes pour arriver à une progression réelle et constante.

Lutter pour investir l’espace politique

Hommage à toutes les femmes qui luttent pour investir l’espace politique. Ce n’est pas simple. Il faut certes avoir la compétence, le savoir-faire, des moyens financiers conséquents et surtout des nerfs solides pour faire face quotidiennement au machisme dans les partis politiques. Elles doivent en permanence casser les stéréotypes entretenus aussi bien par des femmes que des hommes et résister aux multiples campagnes de dénigrement.

Les partis politiques doivent prendre conscience de ces freins importants et initier en leur sein un travail de conscientisation et de changement de mentalités. Les organisations de femmes constituent également des espaces de formation et de promotion de femmes leur permettant de participer à la gestion de la chose publique.

Je plaide une fois encore pour le financement structurel de ces organisations, qui jusqu’ici est resté au stade théorique. Il est illusoire d’espérer atteindre l’objectif de la parité si les moyens conséquents à sa réalisation ne sont pas octroyés aux acteurs de terrain et au système éducatif dans son ensemble. Il ne s’agit non seulement des moyens financiers mais aussi des mesures légales contraignantes.

Sauvegarder les acquis

Lorsqu’un espace politique est conquis, il n’est guère permis de s’endormir sur les lauriers au risque de perdre l’acquis. Les femmes politiques doivent demeurer alertes à tous les niveaux et dénoncer toutes les tentatives sur le plan législatif ou dans les pratiques qui tendent à réduire ou à faire reculer les avancées.

Parallèlement, il est important de mettre en évidence le travail réalisé par les femmes politiques. Cela permettra de déconstruire l’image les réduisant au rang de « décoration » au sein du gouvernement ou dans les partis politiques et constituera par ailleurs si un incitant pour les plus jeunes filles qui souhaitent se lancer en politique. Le Congo a besoin d’hommes et de femmes capables, épris de l’amour de leur pays pour le relever.

En outre, les innovations réalisées par les femmes au sein du gouvernement doivent être mises en exergue et pourquoi ne pas imaginer une récompense pour des actions novatrices ?

Lutter pour progresser

La lutte pour le progrès passe par la mise en place d’initiatives et politiques constructives pour renforcer les capacités des femmes et les promouvoir. C’est un travail de longue haleine qui exige une volonté politique continue et des moyens conséquents permettant d’agir sur les différents freins identifiés tant au niveau de l’éducation, de la formation des femmes qu’au niveau de l’environnement dans lequel elles évoluent. Retour ligne automatique
Il convient dès lors de mener réellement une politique d’égalité des chances entre les femmes et les hommes. (Je renvoie aux recommandations faites dans mon article publié dans Le Potentiel du 07/10/2005).

Quid des élections ?.

Les femmes congolaises représentent moins de 10% au parlement, une minorité dans les instances de décisions. C’est un indicateur que le travail mené au sein des organisations de femmes et par les partis politiques est largement insuffisant par rapport à l’objectif de parité. Parmi les facteurs qui ont eu un impact négatif important sur l’engagement des femmes, il y a la pauvreté croissante (45 % de femmes n’ont pas de revenus propres), la réticence des responsables des partis politiques de confier aux femmes des postes décisionnels ou stratégiques (il y a très peu de femmes dans les directoires des partis politiques).

Dès lors, la parité doit figurer parmi les priorités tant du prochain gouvernement que des partis politiques.

Louise Ngandu Lukusa, Politologue

Mise en forme : éditrice CEAF&RI