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La fraternité ou la jungle ? Fraternité et droits humains (Partie II)
lundi 22 février 2021, par
La crise sanitaire mondiale, avec ses rebondissements heureux et moins heureux, accapare aujourd’hui toute l’attention. Le seul problème est que des événements importants peuvent passer inaperçus. C’est le cas de la célébration, le jeudi 4 février 2021, de la première Journée internationale de la Fraternité humaine, sous l’égide de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette deuxième partie est consacrée à la fraternité et les droits humains.
Ubuntu et droits humains
La fraternité universelle repose sur les droits humains. Et chaque peuple en a une charte, orale ou écrite. Ainsi, la dignité est un des piliers de l’anthropologie et l’éthique africaines. En Afrique du Sud, elle est dite ubuntu et dans les langues bantu congolaises on parle de bumuntu. C’est ce qui distingue la personne humaine de l’animal. L’ubuntu se concrétise dans le respect : respect de la personne comme individu et comme communauté, respect de la personne dans son environnement cosmique et socio-politique. Mais si le respect de l’ubuntu est un droit pour toute personne, elle est également une responsabilité à construire. En d’autres termes, pour qu’advienne la fraternité, chaque personne, chaque institution doit s’investir au service du service de l’ubuntu.
Ces principes de l’ubuntu, nous les retrouvons dans la Déclaration des droits humains. Adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948, elle n’a qu’une valeur déclarative. Néanmoins, elle précise les droits fondamentaux des personnes. Elle est l’idéal, la boussole qui doit nous guider vers la fraternité humaine :
"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité [1]".
Fraternité humaine et droits humains au quotidien
En s’inspirant de la Déclaration universelle des Droits humains, les Nations Unies montraient que la fraternité n’est pas détruite que par la violence des bombes, mais aussi par celle du déni du droit, au quotidien. Elle est peut-être moins bruyante, mais elle n’en fait pas moins de dégâts. Pour que la fraternité humaine ne se réduit à un slogan de plus, elle doit reposer sur la reconnaissance et le respect des droits humains, partout où ils sont bafoués.
Pour cela, il faut dénoncer toutes les formes de discrimination et encourager le respect de la dignité comme moteur d’un nouvel ordre humain. Cela n’est possible qu’avec des institutions attentives aux personnes blessées dans leur dignité, principalement les enfants, les femmes, les personnes âgées, les sans-emplois, les migrants. Les discriminations de toutes sortes ne peuvent construire la fraternité. Ainsi, le travail est un droit inaliénable que l’on ne peut refuser à quelqu’un en raison de ses origines ou de la couleur de sa peau ou encore de ses opinions politiques ou de sa religion.
C’est certes le combat des associations. Mais si le monde est fraternité, le souci de l’ubuntu doit habiter aussi bien les ONG que les décideurs socio-politiques de tous les pays du monde. Ce souci doit être bien sûr celui des Nations Unies, en ses dirigeants et en ses organes. Tous, nous avons la responsabilité commune d’inventer la fraternité humaine ou de périr ensemble, comme dans le Titanic. Comment ne pas évoquer Antoine de Saint Exupéry, ce champion de la fraternité universelle. Il écrit :
"Être homme (humain), c’est précisément être responsable.
C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi.
C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée.
C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde [2].".
Lire Partie I. Fraternité ou jungle ? Première journée de la fraternité humaine
Lire Partie III : Fraternité ou jungle ? De la mondialisation à la fraternité
Paulin Poucouta
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[1] Nations Unies, Déclaration Universelle des Droits de l’homme, Paris, 1948, article 1.
[2] Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, Paris, Gallimard, 2000, p. 47-48