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Les violences sexuelles en République Démocratique du Congo

jeudi 25 novembre 2021, par Albertine

Dr Omba Kalonda consacre ses recherches en santé publique à l’Université Libre de Bruxelle sur les violences faites à la femmes en R. D. Congo., Depuis plus d’une décennie, la République Démocratique du Congo a connu deux guerres atroces (1996 et 1998). Les nombreuses conséquences de ces guerres sur le plan politique, économique, social et sanitaire, ont plongé le pays et ses habitants dans une situation chaotique.

Outre les nombreuses victimes estimées à quatre millions de morts depuis août 1998 et la destruction des infrastructures du pays durant ces guerres sauvages, des violences sexuelles ont été perpétrées à l’encontre de nombreuses jeunes filles et de femmes voire d’hommes dans les régions Est de la RDC. Selon les observations de l’initiative conjointe des agences onusiennes et des organismes non gouvernementaux luttant contre les violences sexuelles en RDC, plus de 56.211 personnes ont subi des violences sexuelles.

D’une part, ces viols ont été utilisés comme arme de guerre par les hommes en uniformes et les combattants provenant de pays à prévalence élevée du VIH/SIDA. Les experts estiment à 60% la prévalence du VIH/SIDA des soldats et combattants dans la région. Ces violences sexuelles subies par des femmes ont entraîné des conséquences sur le plan de la santé publique :

La propagation des maladies sexuellement transmissibles dont le VIH/SIDA

Le viol contribue à augmenter le risque de contamination par le virus du sida à cause des lésions physiques qu’il provoque au niveau du vagin ou de l’anus. Même en l’absence de blessures physiques apparentes, il peut causer des microlésions qui favorisent la transmission du virus.

Les grossesses non désirées

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De nombreux témoignages indiquent que plusieurs femmes victimes de violences sexuelles en RDC sont devenues enceintes. Le taux de grossesse dépend notamment de l’emploi de contraceptifs non obstructifs qui reste très peu fréquent au Congo et de l’âge de la victime.

Les complications gynécologiques des viols traumatiques

Plusieurs lésions physiques ont été décrites : les blessures dues à l’introduction d’objets de tout genre dans le vagin, la destruction du vagin à l’arme blanche ou à l’arme à feu. les douleurs pelviennes chroniques. D’autres lésions plus complexes sont : le prolapsus utérin et la fistule gynécologique traumatique imputable à une violente agression sexuelle.

Le traumatisme psychologique des victimes

L’expérience du viol ou d’une agression sexuelle peut également conduire à l’Etat de stress post traumatique, à la dépression voir à un comportement suicidaire chez la victime.

Il revient aux autorités de la RDC de mettre en place des structures appropriées pour une prise en charge médicale, psychosociale et juridique de ces problèmes. Le dépistage et la prise en charge médicale et psychologique des personnes infectées par le VIH/SIDA ou autres MST. Il est indispensable de rendre la justice tant à l’échelon national qu’international afin de sanctionner les auteurs de ces crimes. Il faut également poursuivre les négociations pour la paix dans la région.

Dr. Omba Kalonda (article publié dans Med Trop 2008 ; 68 : 576-578, Ecole de Santé Publique ULB)
Mise ne ligne 20/10/2009